Crise agricole Les forces de l'ordre évacuent les deux derniers blocages de la Conf
Après la levée volontaire de la plupart des barrages routiers d'agriculteurs en France, les forces de l'ordre ont évacué samedi les deux derniers blocages de la Confédération paysanne, syndicat classé à gauche qui n'avait pas suivi le syndicat majoritaire FNSEA dans l'appel à suspendre les actions après des annonces du Premier ministre Gabriel Attal. (Article mis à jour le 04/02/24 à 12h26)
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Le blocage du péage de Saint-Quentin-Fallavier (Isère), sur l'A43, ainsi que celui de la centrale d'achats Leclerc à Saint-Etienne-de-Montluc (Loire-Atlantique) ont été évacués, dans le calme, ont indiqué à l'AFP le syndicat et les préfectures concernées.
« On est en train de se faire évacuer par les forces de l'ordre, qui sont venues avec de gros moyens. On se fait déloger alors qu'on était tout à fait pacifiques », a déploré au moment de l'opération Jean-François Guitton, secrétaire général de la Confédération paysanne de Loire-Atlantique, en précisant « qu'il ne reste pas une trace » du passage des manifestants, les quelque 80 paysans ayant tout nettoyé selon lui.
Le site de la SCA Ouest a été évacué « en raison des troubles à l'ordre public et des risques de pénuries et de pertes de produits frais », selon un communiqué de la préfecture de Loire-Atlantique. « Un individu s'est néanmoins rebellé et a été interpellé pour outrage et rébellion », a-t-elle signalé.
La Confédération paysanne s'est indignée dans un communiqué du « choix du gouvernement de traiter différemment les mobilisations et les organisations syndicales ». Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin avait donné tout au long du mouvement des consignes aux policiers et gendarmes pour laisser faire les barrages et actions d'agriculteurs, à moins qu'ils essaient de se rapprocher de Rungis ou de Paris. Si le gouvernement a répondu aux « intérêts personnels d'agri-managers spéculateurs » de la FNSEA, rien n'a été réglé sur la question centrale du « revenu » des agriculteurs, estime la Confédération paysanne.
En Isère, l'évacuation du péage de l'A43, l'un des derniers axes encore entravés dans la région samedi matin, a permis la reprise de la circulation vers 11h00 dans les deux sens entre Lyon et Chambéry.
« Les manifestants ont évacué les lieux dans le calme, il y a eu un dialogue entre manifestants et forces de l'ordre », a déclaré à l'AFP la préfecture de l'Isère à propos de l'évacuation de ce péage, situé à proximité d'une grande zone logistique et qui était occupé depuis mardi par une dizaine de tracteurs et une quarantaine de personnes.
Les agriculteurs manifestants présents sur place ont souhaité « sortir dignement et en chantant », a dit Isabelle Douillon, une agricultrice du Rhône. Une « cinquantaine de gendarmes » avaient été déployés, tout s'est passé « dans le calme et la sérénité », a-t-elle ajouté.
💥Malgré la levée de nos blocages en #Isère et #LoireAtlantique par les forces de l'ordre, le combat pour le #revenupaysan continue !! ✊✊✊✊
— Conf' Paysanne (@ConfPaysanne) February 3, 2024
Des actions en cours aujourd’hui 👉#Var #Gers #Calvados #Nord #LoiretCher #Béan #Creuse #AlpesMaritimes Et lundi à #Lyon, #Rouen... 👇 pic.twitter.com/6daewtvL73
« Deux poids, deux mesures »
Les barrages de l'A43 et de la SCA Ouest étaient les deux derniers tenus par la Confédération paysanne, d'après une porte-parole de ce syndicat agricole, minoritaire derrière la FNSEA, les Jeunes Agriculteurs et la Coordination rurale.
« On se bat pour tous les paysans pour un revenu agricole digne. Et ils nous ont expulsés manu militari. Pas d'achat de nos produits agricoles en dessous du prix de revient ! », a réagi le syndicat sur X, dénonçant « un deux poids deux mesures insupportable ».
La Conf était le dernier syndicat à avoir appelé à poursuivre la mobilisation ce week-end et la semaine prochaine, pour dénoncer la politique agricole du gouvernement et réclamer des mesures plus importantes sur la rémunération des agriculteurs. Un supermarché Leclerc a par exemple été bloqué samedi à Brignoles (Var).
De plus petites actions se poursuivent : les grandes surfaces sont d'ailleurs des cibles persistantes des agriculteurs, qui les accusent de presser les prix ou de vendre des produits étrangers. Dans un hypermarché Auchan de Villeneuve-d'Ascq (Nord), quelques dizaines de personnes sont entrées, sans violence, retirant des rayons des produits importés de l'étranger, comme du miel, ou encore des haricots verts du Maroc. Ils ont aussi pris la parole « pour défendre une alimentation saine, abordable et locale ».
La plupart des agriculteurs qui barraient des portions d'autoroutes, comme aux abords de Paris, ont peu à peu levé le camp depuis jeudi soir, à l'appel de l'alliance syndicale majoritaire FNSEA-Jeunes agriculteurs (JA) et de la Coordination rurale, après une série d'annonces du gouvernement pour calmer la colère des paysans en France.
Le gouvernement a promis depuis lundi une enveloppe globale de 400 millions d'euros aux agriculteurs et annoncé la mise « en pause » du plan de réduction des pesticides Écophyto, provoquant la colère des organisations et élus écologistes. FNSEA et JA ont donné au gouvernement jusqu'au Salon de l'agriculture (24 février-3 mars, à Paris) pour concrétiser ses annonces. Ils demandent aussi une loi d'ici au mois de juin.
Dans le Vaucluse vendredi, où la Confédération paysanne avait bloqué différents entrepôts la semaine dernière, il n'y a pas eu d'intervention des forces de l'ordre. « Hier (vendredi) en fin d'après-midi, on a quitté la plateforme Leclerc de Cavaillon juste au moment où ils arrivaient », a expliqué Laurent Thérond, porte-parole de ce syndicat dans le Vaucluse.
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